Lycée

Conférence de rentrée pour les élèves de Terminale

Par Mark Hunyadi : L’esprit humain : patrimoine commun de l’humanité ?

La conférence de rentrée des élèves de Terminale fut donnée, cette année, par Mark Hunyadi, professeur de philosophie à l’Université catholique de Louvain et professeur associé à l’Institut Mines Télécom, auteur de plusieurs ouvrages, dont le dernier ayant pour titre : Déclaration universelle des droits de l’esprit humain. Une proposition. Après une introduction permettant de situer le problème à traiter, la conférence se déroula en deux temps consistant à montrer le caractère inédit du numérique en tant que technique, puis ses enjeux pour l’esprit humain.

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Le numérique serait-il une technique comme une autre ?

Sur cette question deux discours s’affrontent. Pour les uns, le numérique s’inscrirait dans le simple prolongement naturel de l’histoire des techniques. Pour les autres, il représente quelque chose de fondamentalement nouveau, marquant, dès lors, une rupture avec les techniques du passé. C’est à cette seconde thèse que se rallie Mark Hunyadi.

Pourquoi le numérique constitue-t-il alors quelque chose d’inédit dans l’histoire des techniques et de l’humanité ? En son sens premier, la technique est instrumentale : elle fournit des outils en vue d’une finalité. Mais n’est-elle pas plus que cela ? Pour le philosophe du vingtième siècle, Jacques Ellul, elle ne saurait se réduire à un simple outil dans la mesure où elle façonne aussi le milieu même dans lequel nous habitons. Avec le numérique cependant, nous voyons se développer encore autre chose : il devient en effet, pour nous, une médiation obligée avec le monde. Les calculs d’itinéraires (via le GPS), les démarches administratives, les achats, les rencontres, s’effectuent de plus en plus, en effet, par l’intermédiaire du numérique, de sorte que ce dernier devient progressivement et de façon de plus en plus contraignante, la condition même de notre accès au monde. A quoi s’ajoute une seconde caractéristique : le but des dispositifs numériques est toujours double. D’une part ils satisfont l’utilisateur ; mais en même temps, ils collectent à son insu des informations ayant une autre finalité que celle visée par ce dernier. C’est ainsi que, tout en proposant une quantité de services utiles et agréables, l’usage du numérique permet de fournir au système numérique une somme considérable d’informations grâce auxquelles il continuera d’exploiter notre attrait libidinal pour ce que nous y cherchons.

Par-delà cette description, ce qui s’y révèle (et intéresse particulièrement dès lors la philosophie) est une certaine conception de l’être humain. Celui-ci se voit en effet traité essentiellement comme un être libidinal (c’est-à-dire un être qui recherche des satisfactions) plutôt que comme un être capable de pensée et de jugement. En nous incitant à cliquer de plus en plus vite sur nos claviers pour répondre à diverses sollicitations, le numérique vient court-circuiter notre jugement, c’est-à-dire notre faculté de délibérer en vue de faire des choix qui soient vraiment les nôtres parce que réfléchis, et non fruits de simples réactions à des stimulations. C’est au demeurant parce que ces dispositifs s’adressent à notre « libidinalité » qu’ils peuvent créer des addictions. Plus globalement, nous devenons de plus en plus de simples parties intégrantes d’un système dont nous ignorons les véritables finalités, tandis que nous nous cantonnons à satisfaire nos désirs immédiats.

Ce système auquel nous nous intégrons à notre insu est celui dont la science cybernétique nous fournit l’analyse. Pour elle, tout système existant (y compris les êtres vivants et les êtres humains) se réduit à un échange d’informations (inputs, outputs, suivis de feedbacks). Ainsi, un thermostat, par exemple, capte la température (input), et enclenche le système (output) à partir de la comparaison avec celle programmée, laquelle pourra être corrigée (feedback). De même, le sentiment d’anxiété, par exemple, s’expliquera (selon l’analyse cybernétique) comme réception d’une information menaçante (input) enclenchant une réaction de fuite (output), laquelle pourra éventuellement être corrigée grâce au feedback (retour sur la situation). Or, lorsque nous allons sur internet, c’est selon cette lecture cybernétique que le système numérique nous traite. Le système reçoit, en effet, les données que nous lui fournissons par tout ce que nous y effectuons (y compris le calcul du temps passé, les sites visités, etc.) : input. Il va alors pouvoir traiter l’information et nous faire des propositions adaptées : output. Lesquelles pourront se modifier en s’adaptant à notre comportement numérique : feedback.

Ainsi, en devenant la médiation obligée de notre rapport au monde, tout en servant la double finalité indiquée ci-dessus, le numérique réduit progressivement notre vie à celle d’émetteurs-récepteurs d’informations, intégrés à un système qui nous domine à notre insu et auquel nous adhérons volontairement en vue de notre satisfaction.

Cette situation de dépendance à l’égard des machines entraîne une quantité de transformations qui constituent l’enjeu de cette réflexion. Fondamentalement, nous assistons à ce que l’on peut nommer le « devenir cybernétique de l’esprit ». L’esprit peut se définir, pour Mark Hunyadi, comme la faculté d’être relié à ce qui n’est pas encore donné : interroger, créer, contester, c’est, en effet, entrer en relation avec du non encore factuel. Telle est la marque de l’esprit. En ce sens l’esprit est, par définition « puissance de contrefactualité ». Or, sous la pression du numérique, l’esprit en vient à s’embourber de plus en plus dans un monde de simples données factuelles : chaque individu s’enfermant, par une sorte de servitude volontaire, dans la seule administration de son bien-être, se laissant glisser vers un milieu étroit auquel il est sommé de s’adapter. Le piège du numérique est ainsi d’engluer dans le traitement de données ce qui fait le cœur de l’esprit, dont la caractéristique est justement de pouvoir aller au-delà du donné. Cet enchaînement progressif dans le numérique et la logique cybernétique qui l’anime, loin de favoriser notre réflexion, l’empêche au contraire.

Dès lors, un tel enjeu implique, pour Mark Hunyadi, une réponse qui soit à la hauteur. C’est pourquoi il plaide en faveur d’une « Déclaration universelle des droits de l’esprit humain » permettant de déclarer l’esprit humain, désormais menacé dans son exercice, « patrimoine commun de l’humanité ». A titre d’exemple, si Chat GPT fait désormais partie de notre paysage, avec les transformations qu’il véhicule dans notre rapport au monde, c’est en raison d’une absence de régulation en dehors de celle du marché (le recours à la protection des droits individuels n’intervenant qu’à la marge). Pourtant, est-ce au marché de décider du devenir de notre esprit ? Sur le plan sanitaire, aucune entreprise pharmaceutique ne se permettrait de lancer une nouvelle molécule sur le marché. Pourquoi n’y aurait-il pas des limites analogues lorsque l’esprit est menacé ?

Il s’agirait donc, par une telle « Déclaration », de mettre en place un nouveau cadre normatif pour toutes les technologies numériques. Ce qui aurait pour mérite d’une part de rendre à l’humanité sa fierté en cet esprit humain, et d’autre part d’agir pour sa défense, en mettant un terme à la croissance de l’emprise numérique qui l’asservit.

Merci à Mark Hunyadi de nous avoir conduits dans cette réflexion, nous donnant de reconnaître la dignité de notre humanité par la beauté de ce qui nous fait esprits.

Michel Bouton (professeur de philosophie au lycée)

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Les actus de l'ensemble scolaire

Théâtre Astrabald – A l’affiche

« LES FABLES de la Fontaine » Vendredi 13 Décembre.

Venez vibrer avec nous.

Pour réserver vos places cliquez Ici.

Théâtre Astrabald – Programmation 2025

La programmation pour l'année 2025 est arrivée !

Plus d’informations sur le site : Astrabald-theatre.

Cérémonie du 11 novembre 2024

Dans le cadre d’un projet sur « Le devoir de mémoire » s’insérant dans le programme d’Histoire et d’EMC, les élèves de 1ère 1 (Mme Lefebvre) et de 1ère 3 (Mme Rabot) ont participé à la cérémonie commémorative du 11 novembre à Montigny en lisant 2 lettres de poilus, en déposant une gerbe et en chantant la Marseillaise avec des élèves du Primaire.

Nous espérons que cette participation aura permis aux élèves de comprendre ce que revêt la notion « d’engagement citoyen » ; participation que les autorités présentes ont grandement appréciée.

_ Mme Lefebvre et Mme Rabot _

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Lecture de la lettre d’un poilu.

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Lecture de l’extrait d’un poème.

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Dépôt d’une gerbe au monument aux morts.

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Les élèves de Primaire et les élèves de 1ère de Saint-François entonnant la Marseillaise.

Les actus du collège

Glücklicher Nikolaus

Chaque année, le 6 décembre, les professeurs d’allemand fêtent la Saint-Nicolas avec leurs classes.

L’histoire raconte que les jours précédant le 6 décembre, Saint-Nicolas se rend de maison en maison, accompagné d’une mule, son fidèle compagnon, et de Knecht Ruprecht, le Père Fouettard pour demander aux enfants s’ils ont été sages. Si la réponse est positive, ils reçoivent un cadeau du Saint. Mais s’ils ont été désobéissants, ils sont grondés par le Père Fouettard.

C’est l’occasion de partager des friandises (des lebkuchen, pain d’épice au chocolat, Weihnachtsplätzchen, biscuits de Noël allemands…), de chanter des comptines, la plus connue étant Laßt uns froh und munter sein.

En classe bilangue, les élèves ont fabriqué des Saint- Nicolas, ils ont chanté et dégusté des Weihnachtsplätzchen qu’ils avaient réalisés !

Découvre la création de jeux vidéo avec Construct

Retour sur le stage effectué par nos élèves.

Introduisons le sujet.

La semaine dernière, les collégiens ont été accompagnés par Olivier sur le stage Découvre la création de jeux vidéo avec Construct.

Passionné de technologie, Olivier trouve aujourd’hui son épanouissement chez Magic Makers en participant à l’apprentissage et à l’évolution des futures générations !

La semaine de stage s’est bien passée. Les makers ont fait preuve de créativité et de persévérance durant ces quelques jours. Et toujours dans la bonne humeur !

Tout au long de la semaine, les makers ont découvert Construct : un moteur de jeux vidéo 2D semi-professionnel qui permet de créer rapidement des jeux en utilisant des comportements tout faits mais aussi de créer ses propres règles avec un système de programmation événementiel.

Que fait-on avec ?

Avec les comportements, les élèves ont pu déplacer directement un personnage sans une seule ligne de code. En revanche, quand il faut ramasser des objets ou prendre des dégâts, passer par le code devient essentiel afin de créer un événement qui détecte la collision avec l’objet.

Ils ont donc commencé par créer 2 petits jeux afin de découvrir Construct et toutes ses fonctionnalités :

  • un jeu de plateforme avec un petit personnage qui saute de plateforme en plateforme
  • puis un jeu orienté autour du tir et de la création d’ennemis.

 

Et pour finir, les makers se sont lancés dans un projet personnel en réutilisant les notions vues en début de semaine et en en découvrant de nouvelles, afin d’ajouter des règles de jeux ou de créer un univers graphique qui leur ressemble.

Voici quelques images des jeux créés par les makers :

Sortie au théâtre Montansier

Découverte de l'univers de Jules Verne.

Nous avons eu le plaisir d’emmener le jeudi 14 novembre, nos élèves de 5ème3 et 5ème7 au théatre Montansier.

« Les Voyages Fantastiques » présentent la création d’un film muet par Georges Méliès, inspiré par les grands romans de Jules Verne. Entre humour et poésie, les tableaux s’enchaînent et font le plaisir du spectateur.

Les actus du lycée

Forum de l’orientation du samedi 7 décembre

Le samedi 7 décembre était organisé au Lycée, le forum de l’orientation.

D’anciens élèves sont venus présenter leur formation à nos futurs bacheliers.

De nombreuses possibilités de poursuite d’études ont ainsi été proposées. L’objectif étant de permettre aux élèves de faire un choix et trouver une voie professionnelle qui leur convienne, dans laquelle ils pourront s’épanouir.

La journée s’est organisée sous forme de conférences dans différentes salles de classe ainsi qu’autour de petits stands dans le hall pour venir rencontrer et échanger plus en détails avec les étudiants.

Ce furent des échanges constructifs pour chacun d’eux, certains ayant ainsi trouvé leur voie dans des métiers passions.

C’est toujours avec un grand plaisir et une immense fierté, que l’établissement accueille chaque année d’anciens élèves épanouis dans leurs études et soucieux de transmettre aux autres.

Sortie au festival « Histoire à haute voix »

Le lundi 18 novembre a eu lieu au palais des congrès de Versailles un festival « Histoire à haute voix ».

Cet évènement organisé dans le cadre du salon du livre de Versailles s’adresse aux lycéens des Yvelines (1000 élèves participants). Il propose aux lycéens une expérience intéressante : découvrir les textes fondateurs de l’Histoire de France. Les élèves ont reçu 8 discours (discours de Napoléon à ses troupes ou d’André Malraux pour l’entrée au Panthéon de Jean Moulin par exemple) et devaient les connaitre un peu.

22 élèves de 1ère et 4 élèves de terminale ont participé à ce festival. Ils ont pu profiter pendant une heure des conseils de Matthieu Cessac, professeur de théâtre. Les discours ont été lus par des élèves tirés au sort ; un élève de Saint François, Clément J., a prononcé le discours du Général de Gaulle lors de la libération et a reçu une ovation !! Les textes étaient « expliqués » par l’historien Loris Chavanette, historien spécialiste de la révolution française et du 1er empire et le comédien Maxime d’Aboville, comédien récompensé de deux Molières, leur a donné des conseils autour le l’éloquence et a prononcé ces discours.

Clotilde de La Faire, professeur de Français et Pascale Magrey, documentaliste.

Mon expérience avec le Dual Diploma par Maria Rizk

Un témoignage révélateur et encourageant.

When I first enrolled in the Dual Diploma program, my parents sold it to me as a great addition to my curriculum, but surprisingly or not, it turned out to be so much more.

What I loved most about dual diploma was the academic freedom that the American system offers that we do not have in the French system. I loved that we are not graded for how well we can fit in a specific form of exercise but rather at how much we are able to be ourselves through this exercise.  I loved the diverse range of electives that we had to choose from. I would have never thought that I would be able to take a psychology class along with a class that teaches me how to manage my skills and how to develop them and I think that electives are helpful in real time during our everyday life, which in my opinion, makes it such a special and amazing opportunity.

Through the two years and a half that I spent in the dual diploma program, I learned and discovered so many things that helped me not only improve on an academic scale but also on a bigger scale. I learned how to manage my time better, how to interact with people from different parts of the world but mostly I learned how to think differently than how I am used to.

In a few years from now, one thing I will for sure remember, is the friend that I made along the way. Throughout my first year of dual diploma, I met a girl during a live session and we clicked instantly while we were in the breakout room for the group work that we had to do together. We exchanged our Instagrams and ever since, we’ve been friends! We even met in real life when she visited France for the holidays. Sadly, we aren’t in the same dual diploma class anymore, but that didn’t stop us from staying in touch and checking up on one another.

In a few words, dual diploma truly was a change as well as a challenge that I brought to my life two years ago, but I would take this challenge again within a heartbeat if I was offered the chance a second time, and  think that this is what makes it the amazing experience that it is.

Maria Rizk

« Quand je me suis inscrite au Dual Diploma, mes parents me l’ont présenté comme un excellent complément à mon parcours scolaire. Mais à ma grande surprise, ce programme m’a apporté bien plus que ce que j’imaginais.

Ce que j’aime le plus, c’est l’autonomie dans le travail que le système américain nous donne et que nous n’avons pas forcément en France. J’ai apprécié la liberté académique offerte par le système américain, que mes idées et le contenu de mes dissertations soient davantage pris en compte contrairement à la France où la forme et la méthodologie ont plus d’importance. J’ai également profité de l’opportunité exceptionnelle de pouvoir choisir parmi une grande variété d’options. Je n’aurais jamais pu assister à un cours de psychologie ou de « gestion de la vie personnelle » en France. Ces deux options me sont utiles au quotidien et m’ont beaucoup apporté.

Depuis 2 ans et demi, j’ai appris et découvert tellement de choses sur le plan académique mais aussi à un niveau plus large. J’ai par exemple appris à mieux m’organiser, à interagir avec des élèves d’autres pays et surtout j’ai appris à penser différemment de ce à quoi j’étais habituée.

Ce qui est sûr, c’est que dans quelques années, je me souviendrai des liens d’amitié que j’ai tissés pendant mes années Dual Diploma. La première année, j’ai rencontré une élève marocaine pendant les cours en ligne à l’occasion d’un petit travail de groupe. Nous nous sommes immédiatement entendues. Nous avons ensuite échangé sur Instagram et nous sommes amies depuis ! Nous nous sommes même rencontrées en vrai à l’occasion de ses vacances en France. Malheureusement nous ne sommes plus dans la même classe cette année mais cela ne nous empêche pas de rester en contact.

En quelques mots, même si le Dual Diploma fut un challenge, il m’a apporté énormément à tous points de vue et je n’hésiterais pas une seconde si je devais recommencer car l’expérience est vraiment géniale. »

Maria Rizk. [Notre traduction]

Engagé pour l’environnement : compensation de l’impact carbone de notre site internet En savoir +